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Lettre à Marlène (Schiappa)

Madame la secrétaire D’État chargée de l’Egalité entres les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations,

Madame Marlène Schiappa,

Je prends note de votre volonté d'ouvrir le chantier de la Laïcité au sein de la LREM, et de la majorité présidentielle.

Observateur pointu des questions liées à la loi de 1905, et en particulier de la liberté de conscience, cette nouvelle d'organisation de débats au sein même du gouvernement et des équipes LREM me ravit et m'inquiète.

Je précise que je ne suis pas militant En Marche, pas plus militant dans d'autres structures politiques, je me définis comme un militant républicain, laïque, que l'on peut raccourcir sous le désuet terme de citoyen engagé.

Paradoxalement, c'est cette définition qui m'a fait rester à la maison, le jour du second tour de l'élection présidentielle. En effet, rien dans les programmes présentés par les deux têtes de liste, n'avait caractère à me motiver, à offrir ma voix sur les sujets laïques qui motivent mes actes et paroles !

En effet, je considère la loi de 1905, et particulièrement ses articles 1 et 2 comme le cadre absolu de la République Française. Et je reconnais à la République le pouvoir supérieur de permettre la démocratie.

D'aucun dans les rangs de la majorité, ou encore à gauche ou à droite si tant est qu'on reconnaisse encore un curseur politique, ont, pour qualifier mon combat, un terme galvaudé qui résume à lui seul ma rigidité sur les questions de séparation et de liberté de conscience : un laïcard !

Je prends acte de vos récentes sorties dans la presse, et de votre engagement sur les questions laïques. Il s'agit ici de la première éclaircie du côté de la majorité depuis l'élection du Président de la République. Le discours du collège des Bernardins ayant validé les doutes que j'avais déjà tout au long de la campagne présidentielle.

J'entends qu'il faille ouvrir le débat auprès de LREM, tant les forces en présence sont disparates. C'est un terrible constat que de porter dans le titre du mouvement LREM, le terme de République, en en donnant des définitions si peu claires.

La cacophonie des prises de paroles des différents porteurs de voix dans la majorité est un élément politique qui rend très instable l'opinion et met en péril les institutions.

C'est pourquoi je vous écris pour vous faire savoir ma surprise, et vous faire savoir le respect que votre démarche m'inspire. Ces questions sont tellement soumises aux feux idéologiques, que votre courage de porter ce chantier mérite d'être reconnu. Pour autant, je reste vigilant et surtout sur la réserve connaissant par cœur les arguments qui vous seront opposés.

Les professionnels de la coexistence, du dialogue interreligieux, les promoteurs de liens entre l'Etat et les cultes, la sortie du rang des lobbys des cléricaux, les entrepreneurs sociaux qui arrosent de leurs mannes financières une galaxie associative confessionnelle, les comités d'éthique en tout genre, y compris dans vos rangs sont de nature à déséquilibrer les débats, tant leur rhétorique est aboutie et sans frein officiel.

Pour autant, la liste des participants aux débats semble représentative des courants qui traversent la laïcité. On peut donc espérer que la laïcité sera enfin remise à sa juste place. Celle d'un cadre qui nous a permis à vous comme à moi de nous élever.

Voici la vision historique de la laïcité que je partage :

-La liberté de conscience est une liberté maxima et individuelle. Il n'y a donc pas de liberté pour les religions (liberté collective). La loi définissant les contraintes des cultes face à la République, qui elle, garantit justement la liberté philosophique individuelle.

-Pour préserver cette liberté unique au Monde, l'État comme les cultes doivent se tenir séparés pour ne pas influer les uns sur les autres. C'est la condition supérieure à toutes les autres, et c'est ce qui définit la République Française.

Vous allez entendre de dangereux idéologues, y compris dans la haute fonction publique, vous expliquer qu'il faut promouvoir le dialogue interreligieux, interconfessionnel, que cette voie est celle de l'apaisement, que l'État doit être un promoteur incontournable, que la laïcité est "le droit de croire ou de ne pas croire" dénaturant ainsi la valeur philosophique de l’article 1 de la loi.

Si les débats tombent dans ce piège grossier, vous ouvrirez la porte de communautarisme et ferez disparaître la communauté nationale que vous revendiquez.

Par contre en valorisant le rôle de la laïcité dans l'échange citoyen, en affirmant le rôle de liberté émancipatrice et son effet sur la cité, comme référent d'un idéal égalitaire, tant entre les femmes et les hommes qu'entre l'ensemble des citoyens vous pourriez trouver de la résonance dans la société.

La société étant laïque, puisqu'elle refuse encore de se définir par une appartenance philosophique particulière, il faut mettre les bouchées doubles pour contrecarrer les velléités de divisions, de fracturations par des clans cultuels ou des intérêts politiques partisans.

C'est l’enjeu profond des débats, le seul axe valable. Sans cette inclinaison républicaine et unitariste, le terme de nation sera irrémédiablement associé aux identités

J'entends que votre ministère soit sensible à ces questions et vos dernières positions vont à l'encontre même des changements imposés médiatiquement par les ennemis de la liberté de conscience, y compris dans les rangs des organismes d'État, chargés d'observer la Laïcité en France.

Gardez-vous des essentialistes, des identitaires, des cléricaux de tous bords et des idéologues pseudo-sociologues qui portent la gangrène racialiste, raciste et l'opposition entre citoyens. Ainsi vous pourrez vous prévaloir d'assurer la liberté de conscience et à titre personnel, je vous assurerais de mon soutien apolitique de citoyen laïque et républicain.

Les enjeux sont tellement importants, politiquement mais surtout philosophiquement, ici en France et pour l'image de la France à travers le Monde.

Le french secularism est un modèle unique, envié y compris par les populations vivant sous le joug des théocraties, il serait dommageable pour les droits de l'Humain que la liberté de conscience soit enterrée sous des considérations cultuelles et/ou politiques.

Ce joyau étant entre vos mains de ministre et de citoyenne, je vous souhaite beaucoup de courage et de discernement afin de porter haut la liberté de conscience en faisant appliquer la séparation la plus stricte entre le temporel, dont vous êtes la représentante, et l'intemporel qui joue dans l'ombre contre la République et la laïcité.

Veuillez trouver mon soutien bienveillant et mes respects laïques et républicains. Soyez à l'écoute et sur vos gardes, vous êtes au centre de la tourmente et le point de visée de nombreux espoirs malmenés par le début de cette mandature.

Citoyen Rémi.

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