En 1905, et dans les années qui suivirent, cette loi, devenue un principe philosophique partagé par la société entière, a permis, hors du champ religieux, d'élever un pays entier vers un progrès humain, sans aucun modèle équivalent dans le monde.
En 1905, droite et gauche ont considéré qu'il fallait mettre fin à une tutelle religieuse de la société. Qu'il était impératif de devenir un État libre de ses choix humains. Qu'il était essentiel de libérer les consciences. Qu'il était naturel de libérer les têtes du poids religieux.
En 1905, il a été affirmé par l'État que rien ne pourrait remettre en cause la liberté maxima, la seule liberté qui permet le progrès de l'homme, son élévation philosophique, sa vision d'une société ouverte sur elle-même, une société tournée vers ses enfants. Cette liberté acquise par l'Homme et pour l'Homme, pour son amélioration philosophique se nomme liberté de conscience.
Oui en 1905, il nous a été offert en héritage de devenir des Hommes libres de nos choix. Pour l'éternité.
Pour que ce principe philosophique coule sur la société entière, des contre-feux ont été mis au point. Un principe fort et gravé dans la pierre a été dressé sur le chemin du cléricalisme, et résumé en une phrase que je me permets humblement de vous redire ici.
" La République ne reconnaît, ni ne salarie, ni ne subventionne aucun culte".
En 1905, nous a été donné un principe de séparation total entre le temporel et l'intemporel, afin que la société et la nation entière soient libres et ne puissent jamais contraindre la conscience de quiconque, et qu’il soit impossible que la conscience d'un seul puisse contraindre la société ou l'État.
En 1905, la République dans ce qu'elle a de plus éclairé a affirmé que rien ne pourrait la faire plier face au cléricalisme et à l'obscurantisme, que rien ne pourrait entraver la marche vers la fraternité, grâce au fil d'or de la liberté de conscience.
L'histoire du 20ème siècle nous a appris que sans ce bouclier philosophique et l'esprit de la République, le pire est possible. L'abrogation de la République et du cadre laïque a permis l'insoutenable: un retour sauvage vers la nature obscure de l'homme au delà de toute raison.
Et pourtant par lâcheté, nous avions laissé une poche de gangrène en forme de concordat, qui permet un contournement des principes fondamentaux de 1905 sur le sol de la nation.
Et pourtant par aménagement, nous avons subventionné la partition par l'école privée.
Et pourtant par bêtise, nous avons tolèré les collusions municipales en tout genre.
Et pourtant par ignorance, nous avons cédé des positions philosophiques qui nous protégeaient de la maladie cléricale.
Notre très amie chère (presque) disparue,alliée indéfectible de notre émancipation, gagnante de nos libertés, n'aura pas résisté à l'électoralisme de droite comme de gauche, à Internet chaudron idéologique, aux attaques insidieuses d'idéologues, aux massacres sanglants visant à contraindre les consciences. Tous ici, nous savons ce qui nous attend dans les années à venir, si nous restons incapables de préserver l'héritage de cette vieille dame de 113 ans.
Mourir dans ces conditions, sous les assauts des idéologues, des anti-philosophes, du cléricalisme acharné et avec l'aide active d'un État qui a définitivement renoncé à la lumière est indigne, inhumain.
L’État semble se diriger vers une reconnaissance active des églises, vers une organisation pro-active de nouveaux clergés, il semble céder des pans entiers de la société aux communautarismes de pensée, et vouloir permettre que le travail de tous permette fiscalement d’assurer la pérennité économique d'organisations qui ne concernent qu'une minorité, en passant outre les principes créateurs de la République moderne.
Ces héritiers, qui pillent les trésors créés par un texte simple et équilibré qui a permis tant de progrès, valident les renoncements de tant d'années de déni et d'accoutumances impuissantes. Aidés par de graves troubles économiques et sociaux, ils agissent hors des regards, négocient encore et encore, fabriquent les clous qui fermeront à jamais le coffre de nos libertés.
Mais nous sommes orphelins de grands républicains capables de parler en ton nom, de faire briller le bouclier et d'aiguiser l'épée qui libèrerait la balance de la liberté
Il est l'heure, peut-être la dernière heure avant que le rideau noir ne te recouvre. Mais te sachant forte et résistante, nous poserons une bougie afin que reste une flamme pour rallumer le phare que tu as toujours été pour tes enfants. Il est encore temps pour nous de remettre des braises sur le foyer des consciences libres, nous sommes ici pour cela.
Nous sommes nombreux, esseulés, face aux langages feutrés, non offensants, non amalgamants, qui sont l'apanage des accommodants et des gens sûrs de leurs situations.
Nous avons le choix de devenir le vent de la liberté, la tempête contre les pilleurs de tombeau, le vaccin contre le cléricalisme. Nous sommes tes enfants et nous sommes présents ici, pour tromper ta mort. Ce n'est pas encore ton heure, mais sans nul doute, c'est la nôtre!
Vive la république laïque et sociale.
Vive la république une et indivisible
Ou nous mourrons!